Belle province...
Ci-dessous, 2 articles tirés du quotidien La Presse (Canada/Québec), parus cet été et aimablement transmis.
- Les [commentaires en gras italique] sont de
l'expéditrice, pas des journalistes ;o)
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Les $ sont Canadiens (4,76FF au 07/09/01)
- Les
articles originaux sont sur Cyberpresse,
version online du journal La Presse
Texte originel : cyberpresse.ca Les nouveaux riches Les politiciens, c'est bien connu, gouvernent par sondages, et les technocrates, eux, administrent sur la base de statistiques, un outil mathématique qui donne une certaine image de la réalité mais qui permet aussi de faire dire bien des choses aux chiffres. Une récente étude de l'Institut Fraser diminue de moitié - soit de 17 à 8 % - le nombre de personnes pauvres au Canada et soutient même que le taux national de pauvreté est demeuré stable depuis 1981. De telles conclusions peuvent évidemment surprendre, et même paraître suspectes, surtout lorsqu'on regarde la multiplication des soupes populaires, des services de secours direct et le désespoir des jeunes depuis une dizaine d'années. Parlez-en aux gens de La Chaudronnée, aux travailleurs de rue et à Moisson-Estrie! Pour son étude, l'Institut Fraser a calculé les revenus nécessaires aux individus pour combler leurs besoins essentiels (alimentation, logement, soins de santé et d'hygiène, vêtements, téléphone et transport) et, c'est là son originalité, en tenant compte du coût de la vie dans chaque province. Selon ses conclusions, un Québécois aurait besoin de seulement 7870 $ par année pour vivre, alors qu'une famille de quatre personnes devrait se débrouiller avec un revenu de 17 436 $. [J'habite le Québec, nous sommes 2, nos revenus sont près de 25 000$ par année et je vous garantie qu'on ne roule pas sur l'or Loin de là. Le budget loisirs, vacances est à son minimum et, pour ce qui est de l'épargne, voudra repasser.] Sur une base hebdomadaire, cela voudrait dire qu'une personne seule peut vivre avec 151 $ par semaine à Sherbrooke et qu'une famille de quatre personnes peut s'en tirer avec 335 $ par semaine... Plutôt difficile à imaginer! Les données de l'Institut Fraser tranchent nettement avec celles du Conseil national de bien-être social, qui, en se basant sur les seuils de faible revenu de Statistique Canada, évalue la pauvreté à 22 % au Québec et fixe à environ 16 000 $ le seuil de pauvreté pour une personne seule et à 32 000 $ pour une famille de quatre. [Cela me semble beaucoup plus réaliste et encore, la personne seule devra savoir budgeter en kriss.] Cela ne veut pas dire que tous les ménages dont les revenus sont inférieurs à ces seuils sont dans l'indigence [Oui, cela veut dire l'indigence en dessous de cela ] : on peut choisir de vivre plus simplement, sans voiture, en achetant meubles et vêtements d'occasion, et trouver son bonheur dans le bénévolat ou une quête spirituelle. D'autre part, l'Institut Fraser est tout ce qu'il y a de plus sérieux et produit régulièrement des études à caractère socio-économiques. Fondé à Vancouver en 1974, cet organisme privé est financé par des individus, des entreprises et des fondations, qui voient dans les forces du marché la solution aux problèmes économiques de la société. Évidemment, il ne faut pas nécessairement voir en eux de grands défenseurs des programmes sociaux. [Non vraiment, on n'avait pas compris!] Mais même s'il est vrai qu'au Canada il n'existe pas de seuil ou de taux de pauvreté qui fasse consensus, il ne faut tout de même pas délirer en décrétant que le pays compte 50 % de moins de pauvres qu'on ne le croyait! On peut déjà entendre les plus cyniques se demander comment nos "nouveaux riches" vont dépenser leur surplus d'argent! Investir dans les nouvelles technologies? Se payer enfin des vacances? Retourner aux études? Ou tout simplement s'offrir une belle bagnole? Chose certaine, cette nouvelle étude risque de déclencher une joyeuse polémique au pays, surtout lorsque l'on sait qu'Ottawa utilisera dès l'an prochain une méthode de calcul de la pauvreté similaire à celle de cet organisme de Vancouver, en ajoutant toutefois les loisirs et le coût du matériel scolaire dans le "panier de consommation". Évidemment, ce n'est pas en jouant avec les chiffres que l'on changera grand-chose à la réalité des milliers de personnes démunies ici. À Sherbrooke, comme ailleurs au Québec, des centaines de ménages avec enfants vivent avec moins de 25 000 $ par année et peinent chaque semaine pour arriver. Il y a aussi les personnes seules, peu qualifiées, chômeuses et désespérées. Cette réalité-là, on ne peut la voir avec de simples statistiques, pas plus d'ailleurs qu'à travers les glaces teintées d'une BMW de 75 000 $. Il est presque révoltant de voir des études comme celles de l'Institut Fraser décortiquer les besoins essentiels des individus pour déterminer une sorte de seuil extrême de la pauvreté. Calculera-t-on bientôt le nombre maximum de protéines quotidiennes auxquelles aura droit un individu pour toucher son chèque d'aide sociale? Malheureusement, cette étude cadre bien avec le discours néo-libéral ambiant, qui ne voit de salut que dans l'individualisme, la productivité, le profit maximal et les baisses d'impôts, alors que les services de santé se détériorent, que les ressources vouées à l'éducation diminuent, que les banques alimentaires répondent à peine à la demande et qu'on assiste à un véritable dépérissement social. [Bien dit!]
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Texte originel : cyberpresse.ca COMSEP réagit fortement à l'étude menée par l'Institut Fraser Le mercredi 25 juillet 2001
Le Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire (COMSEP) réagit fortement au lendemain de l'annonce de l'étude réalisée par l'Institut Fraser au sujet du seuil de pauvreté. Cette étude révélait qu'une personne seule pouvait vivre à Trois-Rivières une année avec un montant de 7342 $. Selon Sylvie Tardif, directrice de COMSEP, ceci est tout bonnement impossible. "On se place dans la peau d'une personne qui a 7342 $ par année. Elle doit payer son loyer d'environ 300 $ par mois, donc 3600 $ par année. Il ne lui reste plus grand-chose pour les besoins essentiels, c'est pas possible", explique Mme Tardif. Selon elle, il n'est possible de descendre aussi bas qu'en grattant exagérément les fonds des tiroirs. "On peut toujours placer une famille dans un deux et demi, les habiller avec le strict minimum et les faire manger du Kraft Dinner et des hot dogs pendant un an, on va arriver à ce montant, mais cette famille ne sera pas en santé. On joue sur la qualité de vie", poursuit-elle. Sylvie Tardif en a assez de toutes ces statistiques. "Pourquoi on perd du temps à se contredire sur des chiffres? On devrait mettre plus d'énergie pour aider les personnes qui en ont vraiment besoin. Ce n'est pas un chiffre ou un autre qui va déterminer si une personne est vraiment dans le besoin ou non", déclare-t-elle. Selon COMSEP, cette nouvelle étude est avantageuse pour le gouvernement parce qu'elle démontre que le seuil de pauvreté est beaucoup plus bas que les chiffres actuels. [et qu'il pourra justifier de serrer encore plus la corde à l'admission à l'aide sociale] "J'ai hâte qu'on arrête de cacher les pauvres derrière des chiffres aussi peu réalistes", ajoute Mme Tardif, qui précise qu'entre le quartier Saint-Pie-X et le quartier Sainte-Cécile, il y a une différence d'espérance de vie de 8 ans. Elle termine en disant que c'est décevant qu'une telle étude paraisse ces jours-ci, alors que tout le monde est en vacances et que, bien sûr, personne ne peut réagir. [dedieu que ça tombe donc bien.] André Joyal, économiste à l'UQTR, s'étonne également du dévoilement de ces chiffres. Cependant, il a son idée à ce sujet. "Le Conseil de développement économique et social, qui siège à Ottawa, établit aussi ses propres chiffres, mais à l'avantage de la société. Il a donc toujours tendance à exagérer la situation et à mettre le seuil de pauvreté à un niveau plus élevé", explique M. Joyal. L'étude menée par la firme Fraser aurait donc été menée pour calmer les ardeurs du Conseil de développement. En 1999, Statistiques Canada considérait le niveau de faible revenu pour une personne à 15 235 $ par année. "C'est la moitié moins d'argent pour la même personne, et dans les deux cas, elle vit convenablement. Je pense que les études sont menées dans l'intérêt de chaque organisme. [ben tiens c'est nouveau ça, depuis quand les organismes, quelqu'ils soient travaillent dans leur intérêt .] Il y a donc un juste niveau de faible revenu, et selon moi, il est entre les deux", affirme M. Joyal. [et moi, c'est entre les deux oreilles que vous me faites suer.]
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