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document de travail : voir note !

 

Quel sera le fil conducteur du spectacle ?

 

Il reprend, d’une manière collective, le rôle de Monsieur Peatchum (il consiste à éveiller la pitié chez les gens,) personnage central de l’Opéra de Quat’sous.
M. Peachum donne donc des conseils aux nouveaux candidats à la mendicité. Ce sera pour nous l’occasion de reprendre quelques-un des ses conseils. Mais aussi, étant au 21ème siècle, de les réactualiser à la lumière de nos temps modernes ! L’action se situera dans une sorte de foyer d’hébergement, où nous recevrons les candidats. Comme le dis Peachum “ la bouffe vient d’abord, ensuite la morale “ : raison pour laquelle le “spectacle” commencera certainement par une soupe populaire, servie par nos soins.

Pour les curieux seulement, je livre la suite à votre lecture et méditation.
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Extraits de la pièce de l'Opéra de 4'sous

Les mendiants mendient, les voleurs volent, les putains font les putains. Un chanteur de complaintes chante une complainte.

 

Pour faire face à l'endurcissement croissant de l'espèce humaine, l'homme d'affaires J. Peachum avait ouvert une officine où les plus déshérités des déshérités prenaient une apparence capable de parler au cœur le plus racorni.

Choral matinal de Peachum :
Réveille-toi, mauvais chrétien ! Montre de quoi tu es capable, Et reprends ta vie de païen, ! Et que Dieu te soit secourable ! Vends ton frère, vends-le mon salaud, Vends ta femme, oui vend-la maquereau ! Dieu le Père et son fils, c'est du vent ? Attends le jour du Jugement !

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PEACHUM, au public: Il faut que cela change. Mon métier devient impossible; il consiste à éveiller la pitié chez les gens. Il existe bien quelques trop rares procédés capables d'émouvoir le cœur de l'homme, mais le malheur est qu'ils cessent d'agir au bout de deux ou trois fois. Car l'homme possède une redoutable aptitude à se rendre insensible pour ainsi dire à volonté.
C'est ainsi, par exemple, qu'un homme qui en voit un autre tendre un moignon au coin de la rue, sera prêt, dans son saisissement, à lui donner dix pennies la première fois, mais la deuxième fois, plus que cinq pennies, et, s'il le rencontre une troisième fois, il le livrera froidement à la police.
Il en va de même des armes psychologiques. (Un grand panneau descend des cintres. On y lit: " Le vrai bonheur consiste à donner ".) A quoi bon peindre avec amour les devises les plus nobles et les plus convaincantes sur les plus ravissants panonceaux ? Elles perdent tout de suite leur force de persuasion. Dans la Bible, il y a peut-être quatre ou cinq maximes qui parlent au cœur, quand on les a épuisées, on se retrouve sans gagne-pain. Tenez, par exemple, cet écriteau: « Donne et il te sera donné », depuis trois malheureuses semaines qu'il pend ici, il ne fait plus aucun effet. Le public veut toujours du nouveau. Évidemment, je vais encore mettre la Bible à contribution, mais combien de temps cela suffira-t-il ?

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PEACHUM : Ce sont les cinq types fondamentaux de misère qui sont capables d'émouvoir le cœur de l'homme. La vue de ces différents types plonge l'homme dans cet état contre nature où il est prêt à lâcher son argent. Équipement A: victime du progrès des moyens de transport. L'alerte paralytique, toujours gai (il mime le personnage), toujours insouciant, à peine assombri par un moignon. Équipement B: victime de l'art de la guerre. L'insupportable trembloteur, importune les passants. Travaille par le dégoût qu'il inspire (il mime le personnage), dégoût que la vue de ses nombreuses décorations atténue à peine. Équipement C: victime de l'essor industriel. Le pitoyable aveugle, ou la haute école de l'art mendicitaire. (Il mime le personnage, en s'avançant à tâtons vers Filch. Au moment où il se heurte à Filch, celui-ci, effrayé, pousse un cri. Peachum s'arrête aussitôt, le toise d'un air stupéfait, et se met à hurler :) Il a pitié ! Jamais, au grand jamais, vous ne ferez un bon mendiant ! Regardez-moi ça ! C'est à peine capable de faire un passant ! Bon, équipement D ! Celia (sa femme), tu as encore bu ! Et maintenant, tu n'as pas les yeux en face des trous ! Le N° 136 s'est plaint de ses frusques. Combien de fois devrai-je te répéter qu'un gentleman n'enfile jamais de vêtements crasseux. Le N° 136 a payé pour un costume flambant neuf. Les taches, le seul élément du costume qui doive inciter à la pitié, il fallait les faire à l'aide de stéarine de bougie appliquée au fer chaud. Mais tu ne penses à rien ! Il faut que je fasse tout moi-même ! (A Filch :) Déshabille toi et enfile-moi ça, mais entretiens-le bien

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PEACHUM: Mais, qu'est-ce que vous voulez tous, au juste ? Que voulez-vous que j'y fasse, si les gens ont le cœur dur comme une pierre tombale ? Je ne peux tout de même pas vous coller cinq moignons à chacun ! En cinq minutes, je fais de n'importe qui une épave si affligeante qu'un chien fondrait en larmes en le voyant. Que voulez-vous que j'y fasse, si ça ne fait pas pleurer un homme. Tiens, voilà un autre moignon, si le tien n'est pas suffisant. Mais prends soin de tes affaires !

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PEACHUM: Moi non plus. Tu es renvoyé. (Au deuxième mendiant :) Entre « émouvoir » et « taper sur les nerfs », il y a une différence, mon cher. Oui, c'est d'artistes que j'ai besoin. De nos jours, il n'y a plus que les artistes qui parlent au cœur. Si vous faisiez bien votre travail, votre public devrait applaudir ! Tu n'as pas une idée originale ! Evidemment, je ne p~eux pas renouveler ton contrat.

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PEACHUM: Être bon, qui ne le voudrait ? Donner son bien aux pauvres, pourquoi pas ? Si tous étaient bons, Son Règne s'accomplirait. Et qui ne voudrait marcher sur Ses pas? Nous aimerions tous être bons, Si les circonstances s'y prêtaient. Mais sur cette triste planète, Les moyens sont restreints, l'homme est brutal et bas. Nous n'en viendrons jamais à bout, Le monde ne vaut pas un clou.

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Deuxième final

 

Beaux Messieurs, qui venez nous prêcher De vivre honnête et de fuir le péché, Vous devriez d'abord nous donner à croûter. Après, parlez: vous serez écoutés. Vous aimez votre panse et notre honnêteté, Alors, une fois pour toutes, écoutez: Vous pouvez retourner ça dans tous les sens, La bouffe vient d'abord, ensuite la morale. Il faut d'abord donner à tous les pauvres gens Une part du gâteau pour calmer leur fringale.

MAC: De quoi vit l'homme ? De sans cesseTorturer, dépouiller, déchirer, égorger, dévorer l'homme. L'homme ne vit que d'oublier sans cesse Qu'en fin de compte il est un homme.
CHŒUR: Messieurs, vous ne pouvez pas l'empêcher, L'homme ne vit que de méfaits et de péchés !

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Peachum : Je suis arrivé à la conclusion que si les puissants de la terre sont capables de provoquer la misère, ils sont incapables d'en supporter la vue.
Voir Arrétés Municipaux.

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MAC: Oui, ne faisons pas attendre le public. Mesdames et messieurs, vous voyez devant vous l'un des derniers représentants d'une classe appelée à disparaître. Nous autres, petits artisans aux méthodes désuètes, qui travaillons avec d'anodines pinces-monseigneur les tiroirs-caisses des petits boutiquiers, nous sommes étouffés par les grandes entreprises appuyées par les banques. Qu'est-ce qu'un passe partout, comparé à une action de société anonyme ? Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque, comparé à la fondation d'une banque ? Qu'est-ce que tuer un homme, comparé au fait de lui donner un travail rétribué ? Sur ces mots, concitoyens, je prends congé de vous. Je vous remercie ......

 

copyright : Serge 2002


ndlr : pour avoir assisté au spectacle, je précise que ce document de travail est trompeur ! En fait, si la musique est bien celle de l'Opéra de Quat' Sous, le texte de Brecht (extraits ci-dessus) a été très largement remplacé au dernier moment par des extraits de ce site. J'ai l'air malin, maintenant...
Message perso à Bertolt Brecht : j'y suis pour rien, moi, dans cette histoire, adresse-toi à Serge !


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