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Mais est-ce très grave, souffrir ?
Je viens à en douter.
(Colette)

L'Aide Médicale Gratuite
(depuis le 1er janvier 2000, prononcer C.M.U. * )

puce Le prix des maux
puce Le poids des souffrances
puce Droit d'inventaire
puce Tout ne va pas si mal
puce Bâton : le retour
puce Où l'on reparle de gamelles
puce
Vous avez dit gratuit ?


Dites 333 (francs)

Depuis que les bonnes soeurs sont retournées dans leurs couvents c'est l'Etat qui assure le service après-vente des citoyens indigents devenus zonards et plus récemment exclus avant de finir parmi les plus démunis. Le plus fauché des clodos peut donc se pointer à la porte de n'importe quel médecin, dispensaire ou hôpital pour y être soigné, c'est le contribuable qui paiera la facture. Ca, c'est la réalité sur l'affiche.

Celle du terrain ayant une certaine tendance à s'écarter de cette belle fraternité, il est apparu nécessaire d'instaurer des passerelles plus solides entre misère et bonne santé.

« les médecins font payer le prix fort à la société leurs années de jeunesse perdues à potasser le Vidal »

Certes il y a des hôpitaux où on soigne avant de remplir la paperasse et des médecins qui prescrivent plus par déontologie que par appât du gain. Mais faut chercher. Ce n'est quand même pas pour le plaisir qu'Aubry (ex-ministre d'un tas de chose) s'est mise récemment à distribuer des couvertures à six millions de personnes (1).

Six millions de personnes concernées par cette rustine ! Dans un pays si riche, qui aurait pensé que la situation était si craignos ? Tu le savais, toi, que c'était si grave ? Pourtant quelques indices auraient pu te mettre la puce à l'oreille. Par exemple le fait qu'il existe un Yacht Club Médical alors que les galères sont individuelles. Ne va pas pour autant penser que les médecins font payer le prix fort à la société leurs années de jeunesse perdues à potasser le Vidal, ce n'est pas parce qu'on parle généraliste qu'il faut généraliser.
Quoique. Si tu respectes la règle qui prévoit des exceptions à toutes règles...

 

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Misère et Santé sont sur un radeau. Santé tombe à l'eau...

Exclusion et bonne santé ne font pas bon ménage, pas la peine de raconter des bobards. Malnutrition, fatigue, stress, crasse, alcool, intempéries, tout concourt à te faire des trous dans la peau. Les pathologies que tu rencontres sont les mêmes que celles qui ruinent les trottoirs de Manille ou de Calcutta mais chut, hein, faut pas le dire.

Et d'abord c'est de ta faute, tu n'avais qu'à consulter quand il était encore temps. Et si tu te lavais plus souvent ça irait tout de suite mieux. Laisse tomber, tu perds ton temps.

« on va arrêter là car tu risquerais de ne plus être aussi décidé à devenir toi aussi un exclu, ce qui serait dommage »

Quand tu bouffes deux Vache qui rit par jour, tu peux te laver les quenottes tant que tu veux elles ne refleuriront pas toutes au printemps. On reconnaît facilement l'exclu à sa dentition : ça ressemble à un clavier de piano...

Les crocs, c'est le premier truc qui lâche. Ensuite, c'est les poumons. Un hiver à battre la semelle suffit à te les bouffer à un point qu'un toubib qui te les radiographierait appellerait un dépanneur pour faire régler son appareil. En prime, il te conseillerait vivement d'arrêter de fumer. Brave homme ! Dans la rue, une bronchite est une maladie mortelle, faut-il être instruit pour ne pas comprendre ça.

La crasse, les vêtements bimensuels provoquent des maladies de peau à n'en plus finir. Le clodo qui se gratte n'a pas de puces mais une collection de saloperies dermatologiques qui lui pourrissent la vie. Les pieds surtout en prennent plein la tronche. Non seulement tu gardes godasses et chaussettes en permanence, mais en plus tu fais des kilomètres et des kilomètres chaque jour (lire le courrier de tropbizarre). Dormir à la dure n'arrange pas non plus les articulations fragilisées par les carences alimentaires. Mais on va arrêter là car tu risquerais de ne plus être aussi décidé à devenir toi aussi un exclu, ce qui serait dommage.

 

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Dis-moi où tu as mal, je te dirais qui tu es

Pourquoi ne pas aller voir un médecin avant que les choses tournent mal ? Mais mon vieux, quand tu n'as pas de quoi bouffer à ta faim les problèmes de santé n'existent pas. Ce n'est pas raisonnable ? Non, mais ta raison aussi est passée à la trappe. La survie ne s'encombre pas de choses inutiles. Un estomac mû par l'instinct, voilà ce que tu es, le reste est inscrit aux abonnés absents.

Ce n'est que quand tu commenceras à fréquenter les asiles ou les foyers que tu seras amené à croiser le regard d'un toubib. Par chance, les médecins qui quittent leurs salons mondains pour venir se frotter à la misère sont volontaires et souvent bénévoles. Ca améliore beaucoup le contact.

La première visite est souvent imposée par un règlement quelconque. Tout le travail du toubib va être de te trouver un petit truc bien gênant mais facile à soigner et il va t'arranger ça en deux coups de cuillère à pot.

« les associations de terrain le répètent depuis des années : il y a un énorme problème psychiatrique caché dans l'exclusion »

Rusé, c'est pour mieux t'attraper qu'il manoeuvre ainsi. C'est que l'exclu n'a pas la demande de soin facile à force de nier l'existence de ses besoins. Il est parfois impossible de rétablir une conscience du corps suffisante pour entreprendre une hypothétique remise en état et l'exclu peut difficilement envisager des traitements à long terme.

Si l'état de la viande est de mieux en mieux surveillé, il reste un gros morceau sur l'étal. Toutes les associations de terrain le répètent depuis des années : il y a un énorme problème psychiatrique caché dans l'exclusion (sauras-tu le retrouver ?). Or décider un réducteur de tête à travailler gratos sur une population salement atteinte est semble-t-il un combat perdu d'avance (note 2 et mizajour 14/02/02). Peut-être les psy-choses ont-ils conscience de la vanité de leur savoir et ne se sentent-ils pas trop tentés de le mettre à l'épreuve sur du sérieux. Et puis ils sont déjà débordés et mieux payés avec les enseignants...

 

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On se calme

C'est vrai, quoi, ça tourne au règlement de compte, ce truc. OK, mais franchement, y-a de quoi !

Bon, alors parlons de Médecins du Monde. Depuis de nombreuses années, cette association connue du grand public pour intervenir partout dans le monde intervient effectivement partout dans le monde. Y compris en bas de chez toi. C'est d'ailleurs en France qu'ils ont leur plus grosse mission et cela ne doit rien au hasard. C'est que notre chère Sécu, malgré le déficit qu'elle se trimballe, laisse de côté toute une partie de la population.

Tous les SDF bien nés connaissent les adresses, au moins une par ville de quelque importance. Accueil sans formalité autre qu'un minimum de renseignements permettant de constituer un dossier de santé. Il faut parfois prendre rendez-vous, c'est la rançon du succès, mais il est toujours possible de se faufiler dans la salle d'attente.

« Se coltiner tout ce que la société cache sous le tapis, c'est quelque chose ! »

Un coup d'oeil alentour renseigne bien sur les populations exclues du système de santé. Du p'tit vieux, du clodo, du junky, du jeunot en rupture de société, du sans papier, du avec papier mais qui ne parle pas le français, et le reste sous forme d'exclus standards. Bref, ça fait du monde, d'où l'appellation de la boutique.

Quand ton tour arrive, tu tombes le plus souvent sur un(e) jeune toubib. Difficile apparemment dans ce métier de rester motivé en prenant de l'âge et du compte en banque, mais passons... C'est vrai aussi que le boulot qu'on leur demande n'est pas des plus facile. Se coltiner tout ce que la société cache sous le tapis, c'est quelque chose ! Certes, la plupart des pathologies rencontrées seraient faciles à soigner si elles étaient prisent à temps, mais on a vu plus haut que l'exclu n'était pas très préventif en matière de santé.

En conséquence, les doses de pénicilline tiennent de l'école vétérinaire, mais faut savoir ce que tu veux. L'avantage de Médecins du Monde, c'est que tu n'as pas à passer à la pharmacie, c'est le toubib lui-même qui te donne les médocs. Pour cela, il puise dans un stock que tu n'as pas besoin de savoir d'où ça vient. Souvent, il te faudra repasser sous 2/3 jours pour compléter ton traitement. C'est surtout histoire pour le toubib de faire plus ample connaissance, mon enfant.

Accessoirement, un passage à Médecins de Monde favorise grandement la mise à jour de ton existence sécurité-socialesque. Ca facilitera énormément tes prochains contacts avec la gent médicale, surtout hospitalière. Ce n'est pas que sans numéro de sécu on te laisse crever dans les couloirs, mais la loi et l'application de la loi sont deux choses séparées par des papiers à remplir.

Le gros problème des soins pour les exclus, c'est la durée du traitement. Déjà qu'il a presque fallu te traîner pour que tu te décides à consulter, si en plus ça dure pendant des semaines, voire des mois... Vivre au jour le jour n'arrange vraiment pas la santé, et en cas de pépin sérieux, ça risque de mal se terminer, ton histoire. La durée de vie de l'exclu standard vole bas alors baisse la tête (lire le courrier de Cécile).

Tiens, rien que pour te soigner les quenottes. Le jour où tu poses enfin ton cul sur la chaise électrique d'un dentiste, tu es assuré de t'en prendre au moins pour six mois de soins hebdomadaires. Que tu es bien incapable de savoir où tu seras la semaine suivante... Résultat, tu laisses pourrir jusqu'à ce que la seule solution soit de tout raser en une seule fois à l'hôpital. Une chance que tu carbures à la Vache qui rit et au pâté de foie, hein...

 

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C'est grave, docteur ?

Bien sûr, si ton état l'exige on te trouvera une place à l'hôpital. Mais faut vraiment qu'il exige très fort, ton état. Reconnaissons cependant qu'une fois inscrit sur les rôles de l'hôtel-dieu du coin, tu deviens un patient lambda soigné ni plus mal ni moins bien que n'importe quel autre numéro de sécu hospitalisé avec toi. N'espère donc pas que ton itinéraire d'exclu soit pris en compte pour adapter le traitement. Un toubib normal ignore absolument tout de tes conditions de vie, à toi de faire avec.

Tout au plus te conseillera-t-il d'arrêter la picole, le tabac, la drogue ou la prostitution, parce que c'est tout ce qu'exclusion lui suggère. Que tu ne bouffes pas à ta faim, que tu sois incapable ne serait-ce que d'épeler "équilibre alimentaire", que tu crèves de froid, de frustrations ou de solitude, que tu sois devenu au trois-quarts barge à force de souffrir, c'est ton problème, que veux-tu qu'il y fasse ? Rien, effectivement.

Le plus démoralisant, c'est quand tu joues le jeu de la réinsertion. Le premier pas de cette réinsertion est très précisément la redécouverte de son corps. Et donc de ses besoins.

« Tant que tu es à la rue, tu peux facilement être en train de crever sans avoir l'impression d'avoir le moindre problème de santé »

Tant que tu es à la rue, tu peux facilement être en train de crever sans avoir l'impression d'avoir le moindre problème de santé. Le stade mangerdormir dont il a été plusieurs fois question dans ces pages. Mais dès que tu retrouves un appart, un petit boulot, tu peux t'attendre à voir les tuiles te tomber dessus.

C'est ainsi que tout content de ton nouvel appart payé par la CAF et de tes beaux meubles d'occase offerts par Emmaüs ou Saint Vincent de Paul, tu décides de te remettre à travailler. Et pour un type pas fainéant comme toi, prêt à tout accepter à n'importe quel tarif et pour le nombres d'heure qu'il faut, trouver du travail n'est pas bien difficile. Ce n'est pas les négriers qui manquent. Entre nous, serait bien étonnant que tu te la finisses, ta première semaine de boulot...

C'est qu'il ne suffit pas de vouloir. Des mois de malnutrition, de manque de sommeil, de stress ne vont pas disparaître comme ça, parce que tu n'en as plus besoin. Découvrir cette réalité va te faire un rude coup au moral et tu risques fort de baisser les bras rapidement, perclus de courbatures. Courage, tu en verras d'autres. Le secret est de laisser le temps au temps. Tu ne peux plus arquer après quelques jours de boulot ? Et alors ! Essaye de récupérer ta paie car tout travail mérite salaire et prends des vacances le temps de te refaire quelques forces. S'il faut dix, vingt ou trente essais avant que la machine redémarre, te gêne pas.

Après chaque atterrissage sur le ventre, tu vas déprimer, penser que tu n'es bon à rien et que tu n'as que ce que tu mérite. Relax, c'est normal. Disons que tu fais le deuil de ton emploi perdu. Jusqu'au jour où tu te sentiras des envies d'y retourner. Attention tout de même : cette alternance de déprime et d'euphorie risque de te donner l'idée de lisser ton humeur à coup de gros rouge ou de psychotropes. Si cela devait t'arriver, tu perdrais ton statut d'exclu pour n'être qu'un simple malade dépendant, ce qui ne présente aucun intérêt.

 

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Faut pas rêver

Quelques années d'exclusion véritable complétées par un peu de précarité bien comprise, tu dois te douter que ça laisse des cicatrices. Bingo ! A vue de nez, comme ça, sans te demander de te déshabiller et de monter sur la balance, on ne risque pas grand chose en affirmant que tu viens de perdre au moins dix bonnes années d'espérance de vie. Difficile d'être plus précis, les statistiques n'existent pas. Les recherches non plus d'ailleurs, quel chercheur voudrait s'intéresser à un tel sujet (3) ?

Les seuls chiffres "disponibles" sont ceux collectés par le SAMU Social. Les guillemets renvoient à la page qui critique éhontément cette magnifique réalisation.

La principale leçon à retenir est qu'un exclu ne peut jamais être dans la force de l'âge, quel que soit son âge. Avant que tu puisses être en état de bosser 35 heures par semaines pendant plus d'une semaine, il va s'en passer des choses passionnantes dans le monde.

« on ne risque pas grand chose en affirmant que tu viens de perdre au moins dix bonnes années d'espérance de vie »

Et le boulot n'est pas tout, il y a l'après. Là non plus ce n'est guère brillant. Même si on laisse de côté courbatures et épuisement qui te font t'effondrer sur ton lit sitôt ta journée finie, tu ne dois pas oublier que se retrouver seul dans ton gourbis après avoir passé la journée entouré de collègues ce n'est pas vraiment le pied.

Le soir, c'est le moral qui trinque. Et salement. D'avoir côtoyé des gens normaux pendant quelques heures t'a fait voir le gouffre qui te sépare d'eux. Bonne occasion de réfléchir sur la signification intrinsèque du mot exclusion. Les autres, quand ils enfilent le bleu le matin, ils ont une soirée à raconter. Mais toi, qu'est-ce que tu peux dire : ta gamelle de pâtes ? Et le soir à la débauche, ils sont pressés tes collègues, ils ont une vie à retrouver. Mais toi, à part ta gamelle de pâtes ? Y'a bien la télé...

Tu auras vite fait de te demander si ça vaut la peine, tout ce mal que tu te donnes pour continuer à vivre. Le premier emploi relativement partiel et +/- stable t'aurait-il fait croire que tu étais tiré d'affaire ? Guéri de l'exclusion ? Grand naïf, va. Se remettre le corps en état de marche, cela peut se concevoir. Remettre de l'ordre dans tes neurones, c'est une autre histoire. Et là, il faut te débrouiller seul, nul toubib pour te tenir la main.

En attendant, tu viens de faire une découverte : l'exclusion, coco, c'est pour la vie. Rappelle-toi, dans le chapitre sur la rue la descente aux enfers est assimilée à un lavage de cerveau, à une séance de torture. Ce n'est pas pour faire joli. Tu peux effectivement te considérer comme grand invalide de guerre, même s'il n'y a personne pour te cloquer une zolie médaille sur le plastron. Tu aurais la prétention de sortir indemne de tes années d'exclusion ? Tu serais bien le premier à avoir trouvé une planque dans cette jungle.

Le seul truc qui peut te tirer d'affaire, c'est que si tu ne t'es pas trop imbibé de Villageoise tu as eu le temps de te bâtir une philosophie sur mesure. Ce n'était pas du temps perdu, c'est maintenant que cela va te servir. C'est le moyen de surnager à défaut de regagner la rive. Mais même avec des quenottes toutes neuves, un ulcère colmaté et des insomnies résolues, tu resteras toujours un peu bizarre au regard des autres.

Et ça, coco, les toubibs n'y peuvent rien.

 

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Et ça coûte combien, cette plaisanterie ?

Dès qu'on annonce une mesure concernant les exclus, le beauf qui sommeille en chaque contribuable retrousse les babines. Comme on ne peut guère compter sur le 20 heures pour savoir combien ça coûte en réalité, on se contente de l'air du temps. Et ces jours-ci, l'air du temps a tendance à devenir nauséabond. Déjà que la Sécu est en déficit, si en plus on se met à soigner gratuitement tous les bras cassés, où va l'monde ?

Que répondre à la légitime attention sur le devenir de sa contribution si durement concédée ? Si en plus Aubry prétend habiller 6 millions de souffreteux (serais bien curieux de savoir ce qu'il va en rester de ces 6 millions, mais bon)... En réalité, l'exclu ne coûte pas bien cher à notre chère Sécu.

« si en plus on se met à soigner gratuitement tous les bras cassés, où va l'monde ? »

C'est bien le bout de monde s'il consulte une ou deux fois l'an, et comme on le soigne avec des surplus de fabricants ou avec du périmé de fraîche date, ça ne va pas chercher loin. Jusqu'au toubib qui ne se fait pas toujours payer en retour.

Le "pas toujours" permet de faire la distinction entre les bénévoles parfois défrayés qui permanentent dans les associations et ceux qui acceptent les étiquettes de l'aide médicale gratuite (4) à leurs cabinets. Parce qu'il ne faut pas rêver, tous les toubibs (surtout les spécialistes) n'apprécient pas d'être payés en retard et au tarif de base.

Les exclus sont rarement demandeurs d'examens complémentaires tous plus sophistiqués les uns que les autres. Surtout qu'à chaque fois il faut ressortir le refrain de ta déchéance. Si ton truc n'est pas grave, ce sera vite soigné pour pas cher, et si c'est du sérieux, vu l'état de délabrement du bonhomme tu n'y survivras pas assez longtemps pour que les chirurgiens investissent beaucoup.

On n'a jamais vu non plus d'exclu réclamer un séjour tous frais payés dans une ville d'eau... Ce n'est pas de ce côté de la barrière qu'il faut chercher les abus de dépenses.

Maintenant, si un lecteur dispose de chiffres récents...

 


(*) : Quelle est la différence entre Aide Médicale Gratuite et Couverture Médicale Unique ? L'AMG était une aide qu'on t'accordait éventuellement, que tu devais quémander et qui variait d'une ville à l'autre. La CMU serait un droit que tout le monde s'empressera de satisfaire de façon identique dans tout le pays. A vérifier.
(1) : Aubry parle de 6 millions de personnes concernées. Sur le terrain, les conditions d'attribution ont pourtant l'air de sabrer méchamment parmi ceux qui se sentent concernés. Aux dernières rumeurs, ceux qui sont à la COTOREP, donc particulièrement demandeurs de soins, seraient fréquemment juste un poil au-dessus du plafond de ressources. Effet pervers ? Wait and see les prochaines statistiques officielles...
(2) : A la rigueur, va faire un tour au SERPSY
(3) : L'INSEE publie un petit document là-dessus
(4) : Depuis la CMU, il n'y a plus d'étiquette

Mizajour 28/10/00 : Libé écrit discrêtement que les 4.7 de bénéficiaires vont passer à 5 millions grâce au relèvement du plafond et que seuls les RMIstes sont concernés (ça se saurait s'il y avait 5 millions de bénéficiaires du RMI...).

Mizajour 18/10/01 : toujours d'après Libé (offre-moi un abonnement au Figaro au lieu de ricaner !), Médecins du Monde (MDM) vient de sortir un rapport sur les difficultés d'accès aux soins. En fin d'article, on lit ceci : " [...] MDM critique vertement le fait que les bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse soient toujours exclus de la CMU par le seuil retenu par la loi"...
D'autre part, voici un exemple vécu par mon entourage perso : soit un employé à temps partiel gagnant un peu plus de 4000F net/mois. S'il se pointe au guichet CMU, on déduira 30% de ses fiches de paies et on constatera qu'il rentre dans le dispositif. Supposons maintenant que cet employé perde son travail et se retrouve indemnisé par les Assedics, environ 3200F/mois. Un nouveau passage au guichet CMU (un mois pour obtenir un rendez-vous !) l'informera qu'on ne déduit rien sur l'Assedic et qu'il dépasse le plafond de ressource de quelques francs : il doit désormais payer ses soins plein tarif. C'est administrativement correct.

Mizajour 14/02/02 : un ethnologue-psychanalyste-philosophe-anthropologue (!) a écrit un bouquin accessible au grand public. Ce con s'est même permis d'avoir une conscience professionnelle et de descendre vivre dans la rue, pour "savoir en vrai".
Patrick Declerck "Les naufragés. Avec les clochards de Paris" Terre Humaine/Plon éditeur, 23 zeuros.
Ame sensible, bien-pensant et/ou politiquard correct, passe ton chemin : le cocotier est sévèrement secoué...
Le Monde en propose une présentation et un commentaire, mais on peut s'en passer.


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