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Copie qu'on forme

 

Page originelle sur le site de Libération. Extrait (*) :

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86 000 Français n'ont nulle part où dormir
Parmi les SDF recensés par l'Insee se trouvent 16 000 enfants.

Par Tonino SERAFINI

Le mardi 29 janvier 2002

En France, combien de personnes n'ont pas de domicile fixe ? Pour la première fois, une enquête menée par l'Insee (1) avec l'aide de l'Ined (2) permet de chiffrer leur nombre à 86 000 personnes, dont 16 000 enfants. Mais ce chiffre, tempère aussitôt l'Insee, n'est qu'un instantané : il s'agit d'un comptage réalisé un jour donné, étant entendu qu'un calcul sur une année complète aboutirait à des résultats différents, la population des SDF étant par nature mouvante : des personnes basculent à la rue quand d'autres réintègrent un logement.

Il n'empêche, l'étude a le mérite de proposer une approche précise de la grande exclusion. Jusqu'à présent, faute d'enquête spécifique, les chiffres les plus approximatifs circulaient, le nombre de 200 000 SDF étant fréquemment avancé.

Hébergement. L'étude a été menée en janvier 2001 : elle montre que «les trois quarts des sans-domicile ont déjà eu un logement à titre personnel». Les autres sont souvent des jeunes ayant quitté leur famille ou issus de structures publiques (foyers de la Ddass notam ment). Les raisons invoquées pour la perte du logement sont multiples : séparation avec le conjoint (37 %), changement de ville, de région ou de pays (20 %), impossibilité de payer un loyer (21 %), expulsion locative (13 %). Avant d'être totalement privées de domicile, des personnes étaient déjà logées de façon précaire : hébergement chez des amis, dans la famille, à l'hôtel ou encore dans un squat.

Travail précaire. Une fois à la rue, les stratégies de survie sont diverses : 8 % se débrouillent, dormant dans les cages d'escalier, le métro ou les gares ; 50 % dans des centres d'hébergement de très courte ou plus longue durée ; 37 % dans des logements temporaires gérés par des associations ou des structures d'hébergement ; 5 % dans des hôtels bon marché. Contrairement à des idées reçues, les SDF ne sont pas tous «désociabilisés» : près du tiers d'entre eux ont un emploi et 43 % sont inscrits comme demandeurs d'emploi. Seuls 28 % ne cherchent plus de travail. Quand ils travaillent, 9 sur 10 sont ouvriers ou employés, mais dans des conditions précaires : un quart seulement est embauché à durée indéterminée. Les autres sont titulaires de CDD (15 %), font de l'intérim (17 %) ou bénéficient d'un apprentissage, d'un stage ou d'un contrat emploi-solidarité.

Enfin, la précarité ne touche pas que des populations au profil modeste : 11 % des SDF recensés par l'Insee appartenaient aux professions intermédiaires ou étaient cadres avant de basculer dans la rue.

(1) Institut national de la statistique et des études économiques.

(2) Institut national d'études démographiques.

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© Libération 2002


(*) : pour se conformer au droit d'auteur qui autorise la reproduction de courts extraits à fin de citation et/ou d'exemple, seul 1/4 environ du code source de la page du site de Libération est utilisé ici.

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